Oubliez l'histoire des 3 petits cochons, notre maison ne s'écroulera pas au premier coup de vent (enfin on espère ;-). La paille présente au contraire de nombreux atouts lorsque l'on souhaite construire une maison de qualité.

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Avantages :

  • Écologique : la paille est un matériau sain, renouvelable et local. Peu d'énergie est nécessaire à sa transformation et à son transport.
  • Bon isolant thermique et phonique.
  • Économique : la paille est peu onéreuse.
  • Bonne résistance au feu.
  • Murs perspirants, bon régulateur hygrométrique.


Inconvénients :

  • Faible inertie thermique (stockage de chaleur en hiver et restitution de la fraîcheur nocturne en été), cette inertie peut être apportée par une dalle en béton et/ou un mur de masse.
  • Risque de pourrissement lié à l'eau : afin de s'en prémunir, la construction d'une maison en paille nécessite de prendre un certain nombre de précautions (drainage, des murs de soubassement, enduits protecteurs, ne pas mettre les bottes en contact direct avec le sol, etc.).


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L’utilisation de paille comme matériau de construction soulève inévitablement un certain nombre de questions, voici quelques explications pour répondre aux plus fréquentes :

Le risque d'incendie
Une feuille de papier froissée brûle très aisément alors qu'un annuaire téléphonique fermé brûlera très difficilement. Il en est de même pour la paille. La paille en vrac brûle très facilement, pas la botte de paille. Contrairement aux idées reçues, la paille ne présente pas de risque accru d'incendie face aux autres matériaux de construction. En outre, sa densité et sa bonne isolation thermique en font un excellent retardateur de feu. Lors de tests menés en Californie, un incendie a été déclenché dans une chambre de combustion faite de bottes de paille "nues". La chaleur de la pièce a été portée en 30 minutes à 922°C alors que la température des parois extérieures des bottes de paille n'était que de 12°C. Ce n'est qu'au bout de 65 minutes que le feu commençait à attaquer les joints entre les bottes de paille. Avec des bottes de paille enduites cette durée a été portée à 120 minutes.

Les rongeurs (après les 3 petits cochons, mickey...)
Comme la paille ne contient que très peu de graines, elle ne présente pas plus d'attrait pour les rongeurs que n'importe quel autre matériau isolant. En outre, un mur en bottes de paille construit et enduit correctement n’intéresse pas les rongeurs qui aiment les matériaux peu denses dans lesquels ils peuvent se déplacer facilement.

Longévité
En France, la plus ancienne maison en paille connue est située à Montargis et date de 1921. Elle est en très bon état. S’il n’existe pas de maisons en paille de plusieurs siècles, c’est probablement parce que les botteleuses et le concept de botte de paille sont apparus relativement récemment.


Technique de pose des bottes de paille

Il est existe différents types de murs ossature bois et remplissage bottes de paille. Nous avons choisi une technique assez peu utilisée (nous n’avons pas trouvé d'autres exemples jusqu'à ce jour) qui consiste à encastrer des bottes de paille posées sur la tête (avec entailles pour loger les poteaux) dans l'ossature. Les bottes ne sont pas maintenues par des liteaux mais sont compressées grâce à un cric et un système "fait-maison".

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Coupe du mur et de la dalle

  1. Enduits terre.
  2. Bottes de paille posées sur tête et entaillées pour loger les poteaux.
  3. Poteaux bois massif ( 14.5 x 4.5 cm tous les 40 cm).
  4. Dalle de liège qui isole la paille du sol pour éviter d’éventuelles remontées capillaires.
  5. Lisse-basse.
  6. Panneaux de pare-pluie contreventants et perspirants(16 mm).
  7. Lattes support et contre-lattes.
  8. Bardage bois.
  9. Goutte d'eau qui protège le liège.
  10. Liège isolant le pourtour de la dalle.
  11. Dalle en béton.
  12. La dernière rangée de parpaings est réalisée en parpaings de pierre ponce afin d'éviter ponts thermiques et remontées capillaires.
  13. Soubassements.
  14. Granulat de mousse de verre expansée.
  15. Sable.


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Vue de l'intérieur

  1. Lisse-haute.
  2. Poteaux bois massif.
  3. Laine de bois haute densité.
  4. Lisse-basse.
  5. Liège.
  6. Cric.
  7. Planche + cales.
  8. Sangles.
  9. Bottes de paille.



En photos

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Le champs avant récolte. Nous avons la chance d'avoir un cousin agriculteur à 40km qui a pu nous fournir la paille.
Connu depuis la fin du XIXe siècle, le triticale est une espèce fertile, issue du croisement entre le blé et le seigle, d’où son nom, combinaison des noms latins « Triticum » (blé) et « Secale » (seigle). Les brins de la paille de triticale étant plus gros que ceux de la paille de blé, la botte de paille est moins fragile.

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La moisson. La moissonneuse est à batteur transversal ce qui abîme moins la paille que les batteurs longitudinaux.

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Les bottes faites sur mesures (45 x 36 x 90 cm) avec une densité assez forte pour que la botte se tienne bien sans se déformer.

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Chargement de la remorque.

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La paille est à l’abri mais il ne reste plus beaucoup de place pour circuler à l'intérieur...

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Dans les parties trop étroite (angles, tour de fenêtre...), il n'est pas possible de d'isoler avec les bottes de paille, nous utilisons donc de la laine de bois et de la laine de chanvre.

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Au sol, une couche de liège permet de compenser la hauteur de l'ossature mais également de protéger la paille d'éventuelles remontées capillaires.

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Au plafond, de la laine de bois haute densité permet de compenser l'épaisseur de l'ossature et sert d’appui pour la dernière botte qui est en pression sur le plafond.

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Découpe de la botte au banc de scie. Port du masque obligatoire, cette opération engendre beaucoup de poussière.

Photo de la découpe d'une botte.
Découpe de la botte. Un côté est coupé sur toute son épaisseur (pour ajuster la largeur) et l'autre côté est entaillé sur une hauteur de 15cm pour pouvoir y loger le montant de l'ossature.

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Pose de la première botte.


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Les bottes sont logées serrées entre les montants pour éviter les ponts thermiques, il faut donc les placer en biais et les rentrer en force à l'aide d'un "persuadeur", sorte de gros maillet en bois permettant d’insérer les bottes (opération très physique !).

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Les bottes sont compressées (20 à 30 cm) à l'aide d'un cric relié à une visseuse. Ensuite les sangles qui entourent les bottes sont serrées puis le cric est retiré pour pouvoir loger la dernière botte.

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Nous sommes très satisfaits du résultat, les murs sont réguliers et donc relativement faciles à enduire.